Questions fréquentes
Voici pêle-mêle quelques questions qui reviennent souvent dans vos courriers. Notez bien que les réponses que je formule, sont soumises à votre appréciation critique.
Quel est le surcoût d’une habitation à la norme maison passive ?
Il n’est pas vraiment opportun de parler de surcoût dans la mesure où les coûts d’énergie, pendant toute la durée de vie du bâtiment, seront réduits au minimum. Pour autant, on considère généralement qu’un habitat passif est au moment de son acquisition 7 à 15 % plus onéreux qu’un habitat traditionnel. Et encore, il ne peut s’agir que de quelques % pour les projets d’envergure (écoles, lycées). La différence provient d’une meilleure qualité des composants du bâtiment (meilleure isolation de l’enveloppe, vitrages performants), des études thermiques, du test d’infiltrométrie et de l’installation d’une aération centralisée à récupération de chaleur. L’habitat passif est quasi-insensible à l’augmentation prévisible du coût de l’énergie, offre un meilleur confort thermique, phonique et respiratoire, valorise l’habitation en cas de revente.
A titre de comparaison, rapide convenons-en, entre une voiture à 10 000 euros consommant 6 l/100 km et une autre s’affichant à 11 500 euros mais consommant 0,6 l/100 km, laquelle choisissez-vous sachant que vous devrez la garder pendant au moins trente ans ?
Quel serait votre recommandation principale ?
Le recours au logiciel PHPP pour effectuer les calculs thermiques est une nécessité absolue pour un bâtiment au standard maison passive. Thermiciens et architectes formés à ce logiciel vous permettront de valider le projet au regard des exigences de l’habitat passif. C’est donc un point à vérifier d’emblée. Si l’on vous propose un autre procédé de calcul, votre habitation ne pourra faire l’objet d’une certification. Ce ne sera donc pas une véritable maison passive.
Comment trouver un architecte ?
Sachez qu’il m’est moralement impossible de vous orienter vers telle ou telle personne. Faites-vous confiance pour trouver celle qui saura mener à bien votre projet. Il faudra sans doute annoncer d’emblée votre souhait d’une maison passive certifiée. Tenez bon sur cette exigence face à des arguments qui vous seront souvent opposés, selon lesquels ce n’est pas faisable. Après tout, il s’agit de votre projet, souvent le projet de toute une vie. N’hésitez pas à faire indiquer en toutes lettres dans votre contrat une stipulation mentionnant que la construction devra répondre aux critères de l’habitat passif. Enfin, contactez les CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) de votre département. Ils sont ouverts à tous. Certains sont très dynamiques et organisent des voyages convaincants (Carnets de route du CAUE 38 en 2006, ou encore Voyage au Vorarlberg du CAUE 74).
Pourquoi une maison passive est-elle plus chère lors de son achat alors qu’il n’y a pas de système de chauffage conventionnel ?
Essentiellement, le différentiel résulte d’une très bonne isolation et de la meilleure qualité des composants. A supposer qu’enfin naissent en France des éco-quartiers, le montant d’acquisition d’un appartement au standard maison passive ne devrait pas être très différent de ce qu’il est actuellement pour des habitations qui seront d’un point de vue énergétique très vite dépassées.
Est-il envisageable de transformer une maison traditionnelle en maison passive ou est-ce réservé aux constructions neuves ?
C’est tout à fait envisageable, à condition de pouvoir isoler par l’extérieur l’enveloppe existante, isoler le sol, changer les huisseries, passer les gaines d’aération centralisée à récupération de chaleur. Comme toujours, il faut recourir à un thermicien utilisant le logiciel du Passivhaus Institut (PHPP) pour calculer, en fonction des données climatiques, les épaisseurs d’isolants, les qualités requises pour les vitrages, etc.
Sur quels points faut-il être vigilant pour un projet de maison passive ?
Un projet de maison passive doit être particulièrement détaillé afin que lors de la phase d’exécution des travaux, les entreprises partenaires n’aient aucun doute sur les opérations à effectuer. Aussi, doivent-elles être mises en situation de consulter le plan d’exécution et comprendre immédiatement ce qu’il incombe de faire sans possibilité d’ambiguïté. C’est la raison pour laquelle, la planification de tous les détails, même infimes, compte. Par exemple, rien ne devra venir rompre l’enveloppe qui assure l’étanchéîté à l’air…
Peut-on prévoir un sous-sol ou un garage ?
Bien sûr, un sous-sol, particulièrement isolé, peut-être prévu pour une maison passive. En revanche, pensez impérativement l’emplacement de la voiture à l’extérieur de l’enveloppe isolée, sous un abris par exemple, mais en aucun cas dans un sous-sol. C’est une caractéristique française que de placer sa voiture entre quatre murs, mais c’est aussi une aberration thermique et dans tous les cas peu recommandable en raison des émanations des gaz d’échappement.
Pourquoi les prix de la construction pratiqués en Allemagne semblent à qualité égale, inférieurs ?
J’imagine que vous faites référence à ce billet ? Sans doute en raison de la combinaison de plusieurs facteurs : l’usage très répandu de l’ossature bois et/ou la préfabrication en usine qui, dans ce pays, rime avec qualité d’exécution, l’offre importante des industriels allemands de matériaux adaptés : isolants, menuiserie, aération centralisée…
Je suis attaché à un aspect écologique de la construction et donc plus globalement à mon emprunte écologique. Hors sauf erreur, le Passivhaus Institut ne prévoit rien concernant le caractère écologique des bâtiments ?
En effet, le bilan énergétique de la production des matériaux ou leur aspect écologique n’entrent pas en ligne de compte. On peut faire des maisons passives avec des blocs de polystyrène dans lesquels on coule du béton ou privilégier tout au contraire, des matériaux écologiques ou ceux à faible énergie grise telles que les briques sillico-calcaire, le bois. Rien n’est imposé en ce domaine. Voyez également sur ce point l’article suivant.
Pourquoi faut-il utiliser la feuille de calcul PHPP ?
C’est un moyen d’obtenir un calcul fiable de la performance énergétique du bâtiment et surtout, un préalable indispensable si vous souhaitez certifier ce dernier.
Comment figurer sur votre site ?
C’est souvent le fruit du hasard de mes lectures et la plupart des entreprises citées sont surprises que je parle d’elles gratuitement. Plusieurs critères, pas très fermes, entrent en ligne de compte. On pourra me le reprocher. Mais la principale question que je me pose est celle de savoir si le produit offre un véritable intérêt en matière d’efficacité énergétique. Pour les architectes et thermiciens, qu’ils se manifestent, pourvu qu’ils utilisent PHPP.
Comment expliquer que la France ait accumulé un tel retard ?
Je me risquerai à dire que l’illusion de l’abondance d’électricité dans laquelle nous avons vécu fait, qu’aujourd’hui encore en 2007, la majorité des logements neufs sont munis de chauffage électrique à effet Joule de type grille-pain. Il faut sans doute y ajouter le manque d’ambition et les réticences aux changements des acteurs de la construction et des pouvoirs publics. L’ignorance semble également constituer un facteur déterminant, d’où la nécessité de diffuser l’information le plus largement possible sur l’habitat passif.
Pourquoi n’êtes-vous pas favorable au logement simplement basse-consommation ?
Je ne suis pas fondamentalement contre s’agissant de la rénovation de l’ancien pour lequel il peut s’avérer impossible de faire autrement en raison de l’impossibilité de l’isoler par l’extérieur (monuments classés, immeubles bourgeois des centre-villes). Pour le neuf en revanche, il apparaît désormais dans la littérature allemande, que le différentiel de coût entre basse consommation, où l’on maintient un système conventionnel de chauffage, et habitat passif, devienne au fur et à mesure des progrès accomplis ces dernières années, dérisoire. La nature des travaux, leur bonne exécution est sensiblement la même. Ce sont essentiellement une augmentation des épaisseurs d’isolants, une meilleure pratique de la lutte contre les ponts thermiques, une optimisation de l’étanchéité, une meilleure prise en compte des données climatiques, des surfaces vitrées, de l’exposition et l’absence d’un système conventionnel de chauffage qui postule d’opter prioritairement pour l’habitat passif. Il apparaît désormais dommageable de s’arrêter à mi-chemin pour finalement, se trouver dans l’obligation dans 30 ans de procéder à une rénovation thermique coûteuse.
Allez-vous installer des panneaux solaires photovoltaïques ?
C’est en effet prévu et cela rendra le bâtiment plus producteur d’énergie que consommateur, c’est-à-dire à énergie positive. Mais l’important pour nous, c’était d’abord que la maison réponde au standard maison passive. Il faut bien garder à l’esprit, qu’avant d’installer des panneaux sur le toit, il convient toujours de commencer à réduire sa consommation. Un bâtiment à énergie positive devrait toujours être un bâtiment passif sur lequel vient se greffer des capteurs solaires photoélectriques voire des éoliennes.
Peut-on visiter le chantier à Nice ?
Si la réalisation du projet prend plus de temps que celui initialement prévu, c’est une certitude que lorsque celui-ci sera rendu accessible sans danger pour les personnes, je l’indiquerai volontiers sur le site.
Que pensez-vous de HQE® ?
C’est une démarche qui s’attache à différents critères supposés écologiques et surtout, qui ne permet aucunement d’être sûr que les résultats attendus soient au rendez-vous. De surcroît, il s’agit d’une marque commerciale sujette à de légitimes critiques.
Vous êtes sévère avec Effinergie®, pourquoi ?
Effinergie® arrive avec 10 ans de retard, basé sur des critères très fortement inspirés du premier label suisse Minergie®, faute semble-t-il, d’avoir su lire en allemand, la littérature dédiée à l’habitat passif. Or avec le temps, le label suisse converge désormais et intelligemment vers les critères du Passivhaus Institut avec sa déclinaison Minergie P. Du reste, les critères de l’habitat passif sont reconnus par nombre de pays en Europe (Scandinavie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Grande-Bretagne, Allemagne, Autriche, Pologne, Slovénie, Tchéquie, Italie …) et soutenus par la Commission Européenne. Cette même Commission a financé le Projet Passive-On pour l’adaptation des critères du Passivhaus Institut aux pays du sud de l’Europe (Italie, France du Sud, Espagne, Portugal…). Il me paraît donc inutile et préjudiciable de vouloir réinventer la roue alors qu’il était simple de capitaliser l’énorme expérience de nos voisins d’outre-Rhin. De plus, ne pas favoriser l’harmonie, en érigeant une norme franco-française, empêchera les entreprises européennes de franchir aisément la frontière française et pèsera durablement, faute de concurrence, sur les prix de construction déjà trop élevés en France. Enfin, je m’interroge sur le fait de savoir comment l’on peut décemment se permettre, alors que notre expérience en matière d’habitat passif était nulle, que nos finances publiques ne sont pas aux mieux, de dépenser des fonds publics pour inventer pareille usine à gaz non euro-compatible.
Pascal Billery-Schneider