Maison passive | Pourquoi l’habitat passif ?

Pourquoi l’habitat passif ?

Publié 14 mai 2010

L’habitat passif constitue la solution universelle pour l’habitat neuf ou la rénovation pour lutter efficacement contre les défis posés par la problématique énergie-climat. L’habitat passif a vocation planétaire car il obéit aux lois de la physique ce qui permet de réaliser des bâtiments au standard « maison passive » partout sur le globe, quelles que soient les conditions climatiques locales. En effet, l’habitat passif au travers de ses exigences de seuils d’énergie permet d’adapter les performances intrinsèques des enveloppes des bâtiments, des systèmes de ventilation et des appoints de chauffage ou de rafraîchissement. Il s’agit de raisonner non pas en épaisseur d’isolant mais en besoin d’énergie. Surtout, l’habitat passif ou très basse consommation, permet une consommation d’énergie réduite de 80-90% par rapport aux normes thermiques habituellement existantes. Et comme, nous allons le voir, il incombe aujourd’hui d’aller au-delà de la simple basse-consommation car la problématique énergie-climat nous impose de choisir, à coût global identique, la meilleure efficacité énergétique.

De fait, la problématique énergie-climat est double.

D’une part, il s’agit de constater les possibles scénarios établis par les rapports du GIEC pour se rendre compte qu’une diminution très importante des émissions de gaz à effet de serre doit être à l’oeuvre très rapidement. D’autre part, il convient aussi de comprendre la fin programmée de l’ère pétrolière.

La problématique Climat

Pour véritablement avoir à l’esprit les enjeux que dessinent les scénarios du GIEC, il est souhaitable de prendre un peu de hauteur au travers de l’équation de KAYA. Celle-ci, fruit d’un scientifique japonais, est somme tout très simple. Elle part de la nécessité de diviser par deux le plus tôt possible nos émissions de gaz à effet de serre afin de rester dans une ère climatique acceptable, soit une augmentation de le température du globe moyenne de 2-3°C, ce qui est déjà considérable. Rappelons que la dernière ère glaciaire, il y a vingt-mille ans, se traduisait pas une température du globe inférieure de 5°C. Or, 5°C de moins à l’échelle du globe, c’est une autre planète. A cette époque en effet, le nord de l’Europe était entièrement recouvert de centaines de mètre de glace et le sol français, de type sibérien, était sur sa majeure partie gelé en permanence, interdisant toute agriculture. Réciproquement, si l’on se risquait à une température augmentée de 5°C, il se s’agirait pas de se dénuder entièrement ou de mettre un maillot de bain : en réalité, nous changerions d’ère climatique, avec des risques de phénomènes d’emballement sérieux, peut-être même irréversibles.

Je vous invite donc à consulter le schéma qui suit. Il se comprend aisément si l’on écrit tout d’abord GES=GES (émissions de gaz à effet de serre) et que l’on multiplie les deux termes de cette égalité tout bête par des fractions égales à 1 (TEP/TEP – PIB/PIB – POP/POP) que l’on redistribuera ensuite sous des formes connues étant donné que TEP = la quantité d’énergie consommée dans le monde, PIB = le produit intérieur brut mondial, POP = la population mondiale.

On obtient alors quelque chose de nettement plus parlant avec des grandeurs habituellement usitées par les énergéticiens (GES/TEP, TEP/PIB), les économistes (PIB/POP) ou les démographes (POP).

Étant donné que les projections des démographes nous annoncent une augmentation de 50% de la population à l’horizon 2050 (on passe de 6 milliards d’habitants à 9 milliards), que le PIB mondial est supposé croître d’une année sur l’autre, on en arrive, si l’on veut diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre, à devoir diviser par 9 le produit du contenu en CO2 de l’énergie et de l’intensité économique de l’énergie, ce qui pourrait être extrêmement difficile à réaliser sans des modifications importantes de nos comportements. Certains objecteront que l’on pourrait faire décroître le PIB mondial ou plus radicalement faire décroître la population mondiale (!!!) pour arriver à nos fins.

Équation de KAYA

Pour autant, si vous n’êtes pas saisi de stupéfaction à la lecture des rapports du GIEC, la problématique énergie ne peut vous laisser insensible ou, à tout le moins, votre porte-monnaie.

La problématique Énergie

En France actuellement, les énergies fossiles représentent, en dépit du nucléaire, la part principale des sources d’énergie. Nous les importons massivement (99% pour le pétrole, 97% pour le gaz).

Bilan énergétique de la France en 2007

Dans le monde, la part du trio pétrole-gaz-charbon est plus importante encore, de l’ordre de 80%.

Mais qu’en est-il de l’avenir des ces énergies fossiles ? De fait, nous consommons massivement du pétrole, actuellement 85 millions de barils par jour, depuis relativement peu de temps. Et l’association scientifique d’étude du pic pétrolier a réalisé des projections sur la déplétion pétrolière à venir. En effet, comme pour un carrière où l’exploitation commence un jour, se continue, culmine puis décline et s’arrête définitivement, l’exploitation des énergies carbonées est en cours d’épuisement, faute de ressources géologiques. L’association scientifique d’étude du pic pétrolier a réalisé des projections sur la déplétion pétrolière tenant compte des gisements découverts à l’avenir. Rappelez-vous, le Royaume-Uni, naguère exportateur de pétrôle, en importe désormais et ne peut plus compter sur la rente pétrolière pour éponger ses déficits publics. Hormis, l’Arabie saoudite, la plupart des pays producteurs, dont en premier lieu les États-Unis, ont vu leur production pétrolière baisser ces dernières années ou décennies.

Voici selon le schéma suivant, à peu près ou nous en sommes… soit au maximum de production.

Projections de l'évolution de la production pétrolière

Et donc, il faut s’attendre, dès que la capacité de production sera dépassée (87 millions de barils par jour) à une augmentation très importante du prix du pétrole et des autres énergies fossiles dont le prix est indexé sur celui du pétrole ou à des nouvelles crises économiques en cascade. Avez-vous remarqué que la crise financière de 2008 que nous subissons toujours, a suivi immédiatement, comme lors des précédents chocs pétroliers des années 1970, l’augmentation du prix du pétrole brut ?

Plus intéressant, ce même schéma vu de plus haut sur une longue période de l’histoire constate qu’en définitive, l’ère pétrolière aura été de très courte durée.

Ère pétrolière

Autrement dit, si nous continuons notre addiction aux énergies fossiles, car à peu près tout ce que nous consommons est substituable ou fongible en un équivalent d’énergie fossile (nourriture, véhicules et produits manufacturés de même que les jouets de enfants…) nous allons droit dans le mur d’autant que nous n’avons pas eu le courage d’instituer un signal prix avec le refus de la contribution énergie-climat, aujourd’hui indirectement payée par l’augmentation du prix du gaz 😉

Prenez le temps de visualiser la conférence suivante de Jean-Marc Jancovici donnée le 29 mars 2009 devant un parterre d’élus, enregistrée par la libre Belgique. C’est très éclairant.

Pour en revenir à l’habitat, croire que les bâtiments basse consommation, label BBC en France, constituent une partie de la solution est un leurre. Il convient à chaque fois de favoriser la solution d’efficacité énergétique la plus performante, à coûts équivalents. Dans ces conditions, l’habitat passif devrait être une évidence aux yeux de nos décideurs (?) d’autant que produire et rénover massivement du logement à la norme maison passive reviendrait à en réduire à l’évidence les coûts pour le bienfait de tous.

Commentaires

2 Comments »

  1. Phil -  14 mai 2010 15:22

    Bonjour,

    Je suis impressionné par le travail que vous faites et dont vous nous rendez compte.

    On peut utiliser les schémas donc ?

    Merci beaucoup.

  2. Pascal -  14 mai 2010 15:25

    @ Phil

    Oui, il suffit d’indiquer la licence CC applicable comme l’indique la page mentions légales.

    😉

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