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Habitat passif, éco-construction et énergie positive

façade maisonJe reçois beaucoup de courriels qui, je pense, méritent quelques précisions, notamment sur la sélection des matériaux. Il faut bien avoir à l’esprit que maison passive ne signifie pas nécessairement maison éco-construite ou construite avec des matériaux sains.

Pour autant, la maison passive est particulièrement écologique dans la mesure où elle se situe sur une perspective plus globale : l’énergie et le CO2.

Si l’éco-construction est louable, il s’avère qu’elle n’est pas suffisante sur le plan qui nous intéresse, à savoir : consommer le moins possible d’énergie, émettre le moins de CO2 à un coût acceptable. Le concept de maison passive ne doit pas être réservé aux seules personnes en mesure de recourir financièrement à des éco-matériaux. Il s’agit avant tout d’un concept majeur destiné à éviter à tous la catastrophe environnementale et climatique et qui, en dépit de son appellation « maison », s’applique tant aux bâtiments collectifs, qu’individuels ou tertiaires et devrait être, à mon sens, la norme pour l’habitat social.

éco-constructionAussi, dans un premier élan, l’habitat passif peut sembler moins séduisant que l’éco-construction pour les candidats bâtisseurs qui ont le soucis sincère d’un moindre impact sur l’environnement et souvent aussi, celui d’exclusivité ou de l’image qu’ils souhaitent renvoyer à leurs contemporains.

Mais je crois qu’après réflexion, dans un second mouvement, le concept de maison passive manifeste tout son intérêt. De fait, c’est l’efficacité énergétique qui est l’axe principal d’un bâtiment passif et qui maximise ainsi son (faible) impact environnemental. Le but poursuivi tend à éviter la surconsommation d’énergie fossile et électrique sur la durée de vie du bâtiment. Si dans le même temps, l’on fait appel à des éco-matériaux, c’est bien sûr préférable, voire idéal. Toutefois, cela ne constitue pas un critère de la maison passive car il ne s’agit pas du levier d’action le plus efficace au plan global.

En France, on s’est longtemps focalisé sur les matériaux écologiques et leurs énergies grises avant que d’appréhender la totalité des énergies nécessaires à un bâtiment au cours de son exploitation.

Or, dans tous les cas, la consommation d’énergie d’un bâtiment standard sur sa durée de vie dépasse toujours, et de très loin, l’énergie nécessaire à sa construction.

S’agissant d’une maison passive qui, par définition, consomme très peu, à supposer qu’elle soit bâtie avec des matériaux courants et quelque peu énergivores (béton, polystyrène), sa consommation sur une période de 80  ans reste encore plus importante que l’énergie nécessaire à sa construction (de l’ordre d’un facteur 3).

Alors que dire d’une maison, fût-elle éco-construite, à un standard autre que passif. Même si l’énergie grise des matériaux est amoindrie, la consommation d’énergie et donc sa production de CO2 sera très importante quand bien même on aura apporté le meilleur soin dans le choix des matériaux.

bilan

Dès lors le levier d’action le plus efficace sur l’environnement, c’est la diminution de la consommation d’énergie (chauffage /eau chaude /rafraîchissement). Aussi, en réduisant de manière drastique la consommation d’énergie, en rendant accessible financièrement la technologie le permettant, on peut imaginer pouvoir sortir de l’ornière du réchauffement climatique.

Mais il faut faire vite. Pour l’heure, seul le Vorarlberg en Autriche, a rendu obligatoire la construction de tous les bâtiments publics au standard habitat passif depuis les 1er janvier 2007. Et si plus de 5% des bâtiments privés neufs sont construits selon cette norme en Autriche aujourd’hui, la diffusion du concept libre et ouvert qu’est le standard maison passive n’avance pas aussi vite qu’espéré initialement, particulièrement en France où, plutôt que de suivre l’Europe et l’expérience acquise, on préfère réinventer la roue.

Vous avez donc chers lecteurs, la possibilité de le faire savoir en expliquant autour de vous que notre problème environnemental est aussi et surtout un phénomène occidental de surconsommation indécente d’énergie.

Enfin, j’ai constaté que beaucoup d’articles fleurissent sur le bâtiment à énergie positive. C’est souvent un leurre de croire qu’il s’agit de la bonne solution. Ainsi un hangar de supermarché peut-il être un bâtiment à énergie positive en produisant annuellement plus d’énergie qu’il n’en consomme. Mais rien n’impose que son efficacité énergétique soit bonne. Dans le même esprit, une maison a énergie positive pourrait être une passoire thermique couverte de capteurs. Ce serait un non-sens.
supermarché à énergie positive

Rappelons-nous que l’énergie la plus propre, la plus économique, la moins productrice de CO2 est celle que l’on ne consomme pas. C’est la raison pour laquelle, un bâtiment à énergie positive devrait être d’abord un bâtiment passif avant que l’on ne vienne greffer sur son toit des capteurs.

Le bon sens postule donc les priorités suivantes :

  1. le choix d’un habitat passif, collectif ou individuel ;
  2. à proximité de son lieu de travail, des transports publics, de pistes cyclables ;
  3. si envisageable financièrement, construit à l’aide de matériaux à faible énergie grise ;
  4. et in fine, doté de capteurs photovoltaïques.

Bonnes vacances.